Alors que la saison 2016-2017 touche à sa fin, et en attendant de savoir qui des Warriors ou des Cavs sera le nouveau champion NBA, QIBasket a décidé de dresser le bilan de chaque franchise depuis l’année 2000. Parcours, décisions importantes : analyse des évolutions au cours des dix-sept dernières années. Honneur au bonnet d’âne de la ligue cette saison, les Brooklyn Nets.
Nous sommes en 2000. Depuis le début de leur ère NBA et après deux titres ABA, les Nets, alors encore domiciliés dans le New Jersey et arborant les couleurs rouge, bleu et blanc, n’ont obtenu que peu de résultats positifs. Régulièrement absents des Playoffs, ils n’y brillent pas lorsqu’ils y participent, ne dépassant qu’une seule fois le 1er tour, avec une défaite en demi-finales de Conférence face aux Bucks en 1983-84.
Un génie à l’état pur et et deux Finals consécutives
Après deux nouvelles saisons décevantes et grâce à un tirage au sort extrêmement favorable, les Nets récupèrent le premier choix d’une draft 2000 qui s’avèrera assez pauvre (seulement trois All-stars et une sélection chacun, en 2004), et sélectionnent Kenyon Martin, pendant que Byron Scott est nommé coach. L’été suivant, au terme d’une régulière gâchée par les blessures, le scoreur et néo All-Star Stephon Marbury est échangé aux Suns après trois belles saisons contre le meneur Jason Kidd, déjà sélectionné à quatre reprises pour le match des étoiles. Coup de génie de la franchise, qui va trouver en J-Kidd son Franchise Player pour les années à venir. Pendant que Phoenix ratera les Playoffs 2001-2002 avec Marbury, les Nets réaliseront une superbe saison sous l’impulsion de Kidd, passant de 36 à 52 wins ! Le meneur emmène ses coéquipiers et les fait briller, terminant deuxième meilleur marqueur, rebondeur et meilleur intercepteur de la franchise. Dans ce roster pourtant sensiblement similaire à celui de la saison passée, quatre joueurs finissent la régulière aux alentours de 14 points de moyenne, et New Jersey est en tête de sa conférence. Rod Thorn sera nommé Executive of the Year, et Kidd désigné dans la All-NBA First Team ainsi que dans la NBA All-Defensive First Team. Surtout, il termine deuxième aux votes du MVP.
Mais il n’y a pas que les résultats qui enchantent les fans. Le jeu pratiqué par le duo Kidd-Martin, bien aidé par le tout jeune Jefferson, fait vibrer la Continental Airlines Arena. Passes d’extraterrestres de J-Kidd, dunks de mammouth pour Martin, tout y passe. Le trio fait des ravages en transition comme sur demi-terrain, Kenyon et Richard faisant parler leur explosivité, merveilleusement servis par leur meneur aux multiples paires d’yeux. Mais plus que les mots, ce sont bien les images ci-dessous qui illustreront cette période euphorique de la franchise.
L’équipe arrive en Playoffs et en 2002, le premier tour se joue encore au meilleur des 5 matchs. Les Nets parviendront à se sortir d’une série délicate face à des Pacers accrocheurs emmenés par le sniper Reggie Miller, au terme d’un Game 5 dantesque et grâce à un Jason Kidd décisif (31 points, 8 rebonds, 7 passes, 4 interceptions). Suite à la demi-finale de Conférence face aux Hornets remportée 4-1 sans grandes difficulté, les Nets brûlent le trèfle des Celtics et le titre de champion de Conférence (4-2). Mr Triple Double continue de briller, et les Kenyon Martin, Keith Van Horn, et Kerry Kittles se partagent les points. Mais lors des Finals, c’est un coup de balai bien violent qui attend New Jersey, infligé par les Lakers injouables de Shaq et Kobe.
La saison suivante, et avec l’arrivée du vieillissant mais toujours utile Dikembe Mutombo, les Nets terminent 2ème à l’Est. Richard Jefferson en est alors à sa troisième saison dans la grande Ligue et confirme son potentiel. Toujours menés par leur fabuleux meneur et Kenyon Martin, New Jersey retourne en Finals, perdues cette fois 4-2 face à des Spurs simplement supérieurs. Et surtout, un Game 6 resté dans les mémoires: d’un côté un extraordinaire Tim Duncan qui frôle un quadruple double historique (21 points, 20 rebonds, 10 passes décisives et 8 contres); de l’autre, Kenyon Martin et son effroyable 3/23 au tir. De quoi construire un mur à la frontière mexicaine. Mais avec un Jason Kidd achevant sa deuxième campagne de Playoffs consécutives en quasi triple double (20,1 points, 7,7 rebonds, 8,2 passes) et une expérience renforcée, on se dit que les Nets vont enfin saisir leur chance la saison suivante. Malheureusement, il n’en sera rien. Malgré l’échec du pari Alonzo Mourning et le licenciement de Byron Scott (merci J-Kidd !), les Nets accrochent la 3ème place mais leur parcours en Playoffs sera stoppé par les Pistons en demi-finales de Conférence après un terrible blow-out au Game 7.
Entre essais, espoirs et échecs
Après le rachat de la franchise en 2004 par Bruce Ratner, les dirigeants cherchent à faire des économies. Kenyon Martin et Kerry Kittles sont transférés contre des peanuts, Jason Kidd réclame son départ mais pour le convaincre de rester, Vince Carter, plus en odeur de sainteté chez les Raptors, est récupéré dans un trade impliquant notamment Zo Mourning et Aaron Williams. Avec une raquette dépeuplée, les Nets décrocheront de justesse leur place en Playoffs, pour se faire balayer 4-0 par Miami, qui les éliminera à nouveau l’année suivante après une saison (ir)régulière terminée à la 4 ème place. Les saisons suivantes se ressemblent dans le New Jersey : mal entamées, mieux terminées, mais aucuns progrès significatifs et un déclin annoncé de la franchise malgré la confirmation de talents certains (Richard Jefferson, et le pivot serbe Nenad Krstić pour ne citer qu’eux). Eliminés au deuxième tour par les Cavs de Lebron, les Nets ne verront plus les Playoffs pendant cinq ans. On notera tout de même que lors de cette campagne, Jason Kidd deviendra le deuxième joueur de l’histoire à terminer ses Playoffs en triple-double (14,6 point, 10.9 rebonds, 10,9 passes), avant qu’un certain numéro 0 du Thunder ne l’imite en 2017 (sur une seule série, certes !).
Incohérences et irrégularité, tout fout le camp
Au cours d’une saison 2007-2008 catastrophique, le fantastique meneur, leader emblématique de la franchise, finit par craquer et demande son départ. Il est transféré à Dallas contre des cacahuètes (ça change des peanuts ! Allez, on va dire que Devin Harris était une contrepartie honorable), franchise avec laquelle il continuera de performer malgré l’âge, et remportera le titre tant mérité en 2011. Au terme de cette saison, les Nets sélectionnent Brook Lopez à la 10ème place et Ryan Anderson à la 21ème, qui sera envoyé ailleurs après son année rookie. Deux saisons dramatiques plus tard (72 défaites en 2009-2010), c’est Derrick Favors qui rejoindra New Jersey en 3ème choix de la draft 2010 (Coucou Demarcus Cousins, Gordon Hayward et Paul Georges). Il sera échangé en février en compagnie de Devin Harris et deux tours de draft contre Deron Williams. Ces dernières explications ne font qu’annoncer la suite d’un « management » aléatoire et une certaine tendance à monter des trades consistant à lâcher ses meilleurs éléments et abandonner ses tours de draft.
Après 35 saisons dans le New Jersey et suite à la promesse faite par Bruce Ratner (en accord avec le nouvel actionnaire majoritaire Mikhaïl Prokhorov), les Nets déménagent officiellement à Brooklyn le 30 avril 2012 et deviennent les Brooklyn Nets. Changement d’identité visuelle, avec un nouveau logo et le passage au noir et blanc. On assiste également à la progression constante de Brook Lopez qui permettra d’accrocher les Playoffs avec une 4ème place. Malgré une défaite en 7 manches face aux Bulls, on se dit que le duo Deron Williams-Brook Lopez peut faire espérer un avenir meilleur à cette « nouvelle » franchise.
Et si on condamnait la franchise?
C’est sans compter sur le GM Billy King qui va réaliser deux trades calamiteux. En 2012, il fait venir Joe Johnson en provenance des Hawks, qui a étonnement obtenu un contrat maximum faramineux deux ans auparavant. En 2013, il effectue l’opération qui plombera la franchise pour des années. Les Nets récupèrent Kevin Garnett, Paul Pierce et Jason Terry et envoient à Boston Gerald Wallace, Kris Humphries, MarShon Brooks, Kris Joseph, Keith Bogans et quatre cadeaux premiers tours de draft (2014, swap 2016, 2017 et 2018, rien que ça). Après deux saisons avec des Playoffs arrachés et peu convaincants malgré une demi-finale de conférence perdue face au Heat alors double champion en titre, les deux anciennes stars des Celtics ont déjà été échangées, et Deron Williams demande à être coupé pour rejoindre Dallas (les Mavs aimant visiblement les meneurs poussés au bout du rouleau par les Nets). KG n’a pas dépassé les 7 points de moyenne sur ses deux saisons passées à Brooklyn, et The Truth ne sera resté qu’un an pour une moyenne de 13,5 points. Joe Johnson reste lui quatre ans chez les Nets, avec un rendement loin de celui attendu d’un joueur à plus de 20 millions par saison. Quant au retour de Jason Kidd en tant que coach cette fois, il n’aura duré qu’un an avant son départ pour les Bucks, qui en sont aujourd’hui ravis.
Le temps de la rédemption
Depuis 2015, une dernière pige en Playoffs (1er tour perdu face aux Hawks) et le départ des dernières stars, la franchise végète dans les profondeurs de la Ligue, avec pour seul consolation un Brook Lopez toujours aussi loyal et impliqué. Devenu meilleur marqueur de l’histoire des Nets cette saison, il continue de mener tant bien que mal une équipe jeune, qui tente d’aller de l’avant. Avec la nomination de Sean Marks au poste de GM et de Kenny Atkinson en tant que Head Coach, la direction de Brooklyn semble enfin prendre de bonnes décisions pour l’avenir. Si le bilan reste dramatique (20-62), l’état d’esprit affiché laisse de l’espoir quant aux ambitions de la franchise.
Malheureusement, avec peu d’assets pour monter un trade et des tours de draft offerts aux Celtics (Jaylen Brown en 3ème position l’an passé, et un top pick à la prochaine cuvée… Ainsi qu’en 2018), les fans des Nets devront vraiment prendre leur mal en patience avant d’espérer un retour au premier plan. Dommage, car le début des années 2000 avait offert de belles promesses, avec un management stable basé sur la continuité de l’effectif. Depuis, les visions à court-terme et le manque d’inspiration du front office ont cruellement plombé la franchise, condamnée à attendre de nouveau que sa chance se représente. Et que M. Prokhorov arrête de vouloir faire croire qu’il comprend quelque chose au basket, aussi…