Cette demi-finale de la conférence Ouest est loin d’être une surprise. Dans la logique du classement de la saison régulière, le 2ème et le 3ème s’affrontent pour une bataille qui s’annonce intense. D’un côté, on retrouve les San Antonio Spurs, qui ont réussi à sortir du piège des Grizzlies Memphis, non sans difficulté. Il a fallu un Kawhi Leonard de gala, et un Tony Parker avec 10 ans de moins dans les jambes pour que les Spurs arrivent en demi-finale de conférence en 6 matchs. Memphis a été digne avec un très grand Mike Conley et un Marc Gasol clutch sur le Game 4. De l’autre côté, les Rockets de Houston se sont facilement débarrassés d’OKC et du monstrueux Russell Westbrook. Ce dernier est retombé dans ses travers de fins de match mal gérés, ce qui a permis aux Rockets, portés un James Harden scoreur, un banc solide et une puissante raquette, de l’emporter 4-1. Dès lors, cette demi-finale s’annonce passionnante, une opposition de style qui peut très bien pencher d’un côté comme de l’autre.
Meneurs de jeu
Commençons par notre frenchie Tony Parker. Après une saison totalement gérée et plutôt correcte, il a effectué un très bon premier tour face à Memphis. Malgré un match 3 complétement raté à 0 point qui lui fait baissé considérablement sa moyenne, il tourne à plus de 16 points et 3 passes, avec un gros Game 6 : 27 points à 11/14, soit son meilleur pourcentage aux tirs de sa carrière en playoffs dont 6 points dans le money time qui enfoncèrent le clou. Il semble être en pleine forme, bien en jambes. Il lui faudra rester sur cette dynamique digne de ses années 2007 lors de son 3ème titre, car il aura fort à faire face à James Harden. Ce dernier a réussi son pari d’éliminer le plus rapidement possible OKC et Westbrook. Sur ce premier tour, Harden n’a pas cessé d’être agressif en pénétration, d’aller chercher les fautes (14 lancers francs tentés en moyenne à 90%) mais a également beaucoup tirer à trois points, sans grande réussite (12/50 sur la série). Il tourne à 33 points, 7 passes 6,4 rebonds mais aussi 5,6 pertes de balles. Malgré ces trop grandes pertes de balles et une adresse extérieure immonde, El Barbudo a géré le tempo sur la série. Il a su provoquer les fautes et aller sur la ligne des lancers quand il le fallait mais aussi lâcher la balle à l’intérieur, surtout sur pick and roll pour Nêne et Capela. Il va sûrement profiter des largesses de Tony en défense pour sortir des grosses lignes au scoring. Déjà contre Westbrook, il a réalisé de grosses performances (44 points dans le Game 3) alors contre San Antonio, on peut s’attendre aux mêmes stats de sa part. A moins que Kawhi Leonard ne s’occupe de lui en défense sur certaines séquences. Dans tous les cas, le duel de meneur sera intéressant à voir. L’expérience du français qui a payé sur le 1er tour devra être couplée à un physique irréprochable pour espérer ralentir le potentiel futur MVP.
Meneur : Avantage Houston
Arrières
Sur ce poste, San Antonio connaît des lacunes avec Danny Green. Lui qui était si précieux lors des finales 2015 est en grande difficulté. Déjà sa saison était plus que moyenne, alors son début de playoffs est médiocre. Même s’il reste correct en défense, offensivement, on ne le reconnaît plus ; 5,8 points à 35% aux tirs et 29% à trois points. Alors même s’il ne prend plus beaucoup de tirs par match (5,7), il devrait justement être un facteur X, celui qui prend le bon tir, le tir qui creuse l’écart à plus de 10 points, ou qui fait revenir au score. Désormais, il se cantonne à un rôle défensif, ce qui n’est pas plus mal car face à lui on retrouve un autre très bon défenseur : Patrick Beverley. Ce dernier a été très bon lors du premier tour face à Russell Westbrook. Il a joué le rôle de moustique qui bourdonne dans vos oreilles durant les nuits d’été, celui qui ne vous lâche pas et sur lequel vous vous focalisez. Cela a surtout fonctionné mentalement sur le meneur du Thunder. Bevereley confirme son statut de très bon défenseur mais n’est pas en reste offensivement : 11,6 points de moyenne à 43% au shoot et un joli 40% à trois points. Sa sélection de shoot est encore perfectible mais il est déjà parfaitement dans son rôle et Mike d’Antoni n’attend pas forcément plus de lui. Il fait bien d’ailleurs de ne pas vouloir prendre plus de responsabilité offensive tant il y a de joueurs qui shootent énormément. Sur cette demi-finale de conférence, Green et Beverely ne seront sûrement que rarement en défense l’un sur l’autre. Beverley ira aider sur Leonard, Green certainement sur Eric Gordon et Lou Williams quand ils seront sur le terrain, et Harden de temps en temps.
Arrière : Avantage Houston
Ailiers
Commençons par l’ailier des Rockets, Trevor Ariza. Après une saison plutôt convenable, il est passé un peu à côté de son premier tour face à OKC. Ses stats sont en baisse significative (6,2 points, 4,6 rebonds contre 11,7 points en 5,7 rebonds en saison) et ses pourcentages d’adresse sont indignes de lui (34% au shoot, 18% à trois points, soit un vilain 3/16). Même son langage corporel laisse à désirer. Cela arrive de passer à côté d’une série mais par contre il ne pourra pas se permettre de tels écarts sur cette demi-finale car en face, c’est le meilleur joueur de la ligue selon Gregg Popovich, Kawhi Leonard.
Le franchise player des Spurs est tout simplement phénoménal. Après avoir battu son record en carrière aux points lors du Game 1 (32 points), puis au Game 2 (37 points), il le pulvérise au Game 4 avec 43 points. Sur la série, il tourne à 31,2 points, 6 rebonds et 3,8 passes. Il est clairement le métronome de cette équipe aussi bien offensivement que défensivement. Sa précision aux lancers-francs (59/61) est aussi à souligner. Il a tout simplement réalisé une série quasi parfaite. Il souhaitera être sûr cette même lancée face aux Rockets où il essayera à la fois de profiter des failles défensives sur le poste 3, mais aussi de donner le ton défensivement et de ralentir au mieux les percées d’Harden ou de baisser l’adresse générale de l’équipe. Le match-up sur ce poste est logiquement en faveur des Spurs.
Ailiers : Avantage Spurs
Ailiers Fort
Sur cette série, nous avons deux styles d’ailiers-fort bien différents. D’un côté, on retrouve un ancien All-Star, Lamarcus Aldgride. La seconde option offensive des Spurs durant la saison régulière est un peu décevante sur cette partie du jeu. Il ne tourne qu’à 14,8 points à 45% au shoot. Sur les Game 2 et 3, il ne prend que 8 tirs en respectivement 42 et 30 minutes de jeu. Cela s’explique par deux points : le premier, c’est le retour aux premiers plans de Tony Parker. Le frenchie a retrouvé des couleurs offensivement et prend plus de tickets shoots. Puis, Aldridge a décidé de s’investir un peu plus au rebond. Si les stats ne montrent pas cet investissement (7,3 rebonds en saison), dans le jeu et dans l’esprit, il est bien plus présent dans la raquette. Son « body-language » est très positif. Il est devenu une pièce essentielle dans le rouage si bien huilé des Spurs. Il est moins sur le devant de la scène qu’à Portland, mais reste très efficace. Toutefois, cela serait positif pour les Spurs s’il prenait plus de tirs, notamment dans le money time pour varier les menaces. Si Leonard prend tous les tirs, Houston pourra peut-être anticiper sa défense. Face à Lamarcus, on retrouve Ryan Anderson. Lui qui a été blessé juste avant le début des playoffs manque encore de rythme. Face à OKC, il a été très maladroit (33% au shoot, 12% à trois points), et n’a que très peu scoré (7,4 points). Il a été en grande difficulté face à Taj Gibson et les intérieurs du Thunder. Il s’est fait bouger défensivement et n’a pas été efficace offensivement. Face au Spurs, il va devoir retrouver son adresse s’il ne veut pas se faire dépasser trop rapidement par Lamarcus Aldridge.
Ailiers-fort : Avantage Spurs
Pivots
Gregg Popovich a tenté deux pivots différents durant le premier tour des playoffs. Tout d’abord, il avait opté pour Dewayne Dedmon, qui a été le pivot titulaire tout au long de la saison. Cependant, Dedmon a été très décevant, voire transparent. Il a été titulaire lors des trois premiers matchs contre Memphis avec des stats proches de la feuille blanche (1,3 points, 5 rebonds). Dès lors, Popovich a décidé de changer son pivot pour un joueur bien plus expérimenté : David Lee. L’ancien warrior qui a été discret mais correct tout au long de la saison (7,3 points, 5,6 rebonds en 18 minutes) a intégré le cinq majeur sur les trois derniers matchs de la série face à Memphis avec des stats non négligeables (8,6 points, 6,3 rebonds en 28 minutes). Il apporte son expérience, un certain dynamisme malgré ses 34 ans. Il convient parfaitement à Popovich dans sa recherche de jouer small-ball. Toutefois, face à Houston, Popovich va peut-être vouloir remettre de la taille à l’intérieur avec Dedmon car à Houston, il y a du matos notamment avec Clint Capela. Le suisse a réalisé une très très belle saison (12,6 points et 8 rebonds par match) et a aussi répondu présent pendant le premier tour des playoffs face à Memphis. Ses stats sont un peu en deçà (7,6 points, 6,6 rebonds), mais cela s’explique par le retour au premier plan de son back-up Hilario Nene. Capela reste important dans la rotation avec sa taille et sa puissance dans la peinture.
Pivots : Avantage Houston
Les bancs
Houston et San Antonio peuvent clairement se vanter d’avoir deux des meilleurs bancs de la conférence Ouest. Du côté de l’équipe de Gregg Popovich, on retrouve comme sixième homme Pau Gasol. Le multiple All-Star a fait un premier tour convenable en sortant du banc. En 23 minutes de jeu, il compile 6,5 points et 5,7 rebonds. Il manque encore de régularité avec une adresse encore trop juste (37% au shoot). Il lui faudra être à 110% face à Houston. Ensuite, on retrouve sur le poste de meneur Patty Mills qui est très bon depuis le début des playoffs. Le back-up de Tony Parker score plus de 10 points par match à hauts pourcentages (47% au shoot, 52% à trois points). Il dynamise le banc avec son explosivité et ses tirs longue distance. Il est très précieux pour les Spurs, en étant souvent le facteur X de l’équipe. Il reste sur un Game 5 à 20 points à 7/10 au shoot. Puis, on a Manu Ginobili. En 15 minutes, il ne score que 2,3 points par match. A 39 ans, il montre ses limites. Il est catastrophique avec une adresse exécrable (21% au shoot, 14% à trois points). On est bien loin du Ginobili qu’on a connu il y a de ça déjà plusieurs années. On a aussi Jonathon Simmons qui sur le poste 2 apporte quelques points et un peu de fougue, Kyle Anderson en back-up de Kawhi Leonard ou encore David Bertans à l’intérieur. En somme, le banc des Spurs un peu décevant sur ce premier tour des playoffs.
Côté Houston, le banc est au rendez-vous. On commence par Lou Williams qui a été brillant face à Memphis. En 28 minutes de jeu, il aligne de très belles stats (18,8 points, 4,2 rebonds) avec une adresse plus que convenable (47% au tir, 40% derrière la ligne à trois points). Il est extrêmement important dans le roster. Il est le deuxième scoreur de l’équipe sur le premier tour face à OKC. Juste derrière lui, on a un autre très bon joueur en la personne d’Eric Gordon. Celui qui est dans la course pour le titre de sixième homme de l’année est plus correct depuis le début des playoffs. Son adresse est un peu en dessous de ses standards (43% au shoot, 35% à trois points) tout comme son scoring (13,6 points). Néanmoins, il reste un élément essentiel pour les Rockets. Il est toujours pour rentrer des tirs très importants. Après ces deux arrières de qualité, on retrouve un pivot qui renait : Hilario Nene. Le brésilien de 34 ans a passé une saison agréable sur le banc des Rockets avec 9 points et 4 rebonds. Mais, lors du premier tour des playoffs face au Thunder, il s’est métamorphosé. Il tourne à 13,6 points, 6,6 rebonds en 22 minutes de jeu. On retient surtout le Game 4 où il a été tout simplement parfait (28 points, 10 rebonds à 12/12 au shoot). Il est devenu un élément indispensable pour les Rockets. Face aux Spurs, il pourra profiter des petites largesses à l’intérieur pour scorer et prendre des rebonds.
Toutefois, petit bémol concernant le banc de Houston, sa taille. Mike d’Antoni a réduit ses rotations à seulement huit joueurs. Trois joueurs sur le banc à plus de 20 minutes de jeu, c’est beaucoup, et sur la longueur, cela sera peut-être difficile de tenir la cadence. On verra probablement revenir revenir Montrezl Harrell, Corey Brewer ou encore Sam Dekker qui ont été plutôt bons lors de la saison régulière.
Les bancs : Avantage Houston
Les coaches
Dans cette série, on a deux coachs de qualité qui vont d’affronter. D’un côté, l’un des plus grands caochs de l’histoire de cette ligue, Gregg Popovich, qui déroule tranquillement. Il fait en sorte de mettre dans les meilleures conditions son franchise player Kahwi Leonard. Face à lui, Mike d’Antoni est lui un aussi un entraineur historique, notamment avec les Suns dans les années 2000. Il a réussi une saison presque parfaite avec Houston. Mais, si on se penche sur le duel entre Popovich et d’Antoni, le coach des Spurs est la bête noire de Mike d’Antoni. Ils se sont rencontrés quatre fois en playoffs (2005, 2007, 2008 avec les Suns, 2013 avec les Lakers), et quatre fois Gregg Popovich s’est imposé.
Les coaches : Avantage San Antonio
Résultats en saison régulière : San Antonio 3 – Houston 1
19 Novembre 2016 @San Antonio: San Antonio Spurs 99 – Houston Rockets 101
12 Novembre 2016 @Houston: Houston Rockets 100 – San Antonio Spurs 106
20 Décembre 2016 @Houston: Houston Rockets 100 – San Antonio Spurs 102
6 Mars 2017 @San Antonio: San Antonio Spurs 112 – Houston Rockets 110
Calendrier
Game 1 @San Antonio : Lundi 1er Mai à 3h30
Game 2 : @San Antonio : Mercredi 3 Mai à 3h30
Game 3 : @Houston : Vendredi 5 Mai à 3h30
Game 4 : @Houston : Dimanche 7 Mai à 2h
Game 5 : @San Antonio : Mardi 9 Mai (horaire à déterminer)
Game 6 : @Houston : Jeudi 11 Mai (horaire à déterminer)
Game 7 : @San Antonio, Dimanche 14 mai (horaire à déterminer)
Conclusion
Tout comme la série entre Boston et Washington, cette série est assez ouverte. Même si San Antonio est favori grâce à leur expérience et au niveau phénoménal de Kawhi Leonard, les Rockets auront à cœur de vouloir créer la surprise et éliminer les Spurs. La défense sera l’une des clés de la série. Les Spurs feront tout pour ralentir James Harden, sans pour autant oublier les autres armes offensives comme Lou Williams ou Eric Gordon. De leur côté, Houston devra s’impliquer davantage en défense pour essayer de ralentir Leonard et Aldridge.
Pronostic : Spurs 4-3
FAÏSSAL BERKANI / RÉDACTEUR QI BASKET