FAÏSSAL BERKANI / RÉDACTEUR QI BASKET
Si on vous avait dit au début de saison : « Tiens, Houston vs OKC au premier tour des playoffs, sympa nan ? », beaucoup auraient dit que cette série serait impossible et peu alléchante. Six mois plus tard, on attend tous avec impatience cet affrontement. C’est sans nul doute le match-up le plus excitant de ce premier tour de playoffs. Entre Houston qui réalise une saison presque parfaite menée par un immense James Harden, et un Thunder qu’on pensait lutter pour se qualifier en playoffs, et finalement termine aisément 6ème et menée, elle par un joueur qui n’a pas cessé de battre un nombre incalculable de records, un certain Russell Westbrook. Si tout le monde se focalise sur le duel Westbrook-Harden, la série se jouera clairement sur d’autres facteurs.
Postes extérieurs
Alors oui on commence par LE duel que tout le monde attend : James Harden vs Russell Westbrook. Commençons par James Harden. El barbudo réalise la meilleure saison de sa carrière et de loin. Et pourtant au début de saison, nous avions des attentes après l’annonce du nouvel entraineur Mike d’Antoni, affirmant que James Harden serait désormais meneur de jeu, et non plus arrière. Le pari était plutôt osé mais dès les premiers matchs, ce dernier était payant. Sur les trois premiers matchs de la saison, il tournait déjà à 29,3 points, 11 passes et 7 rebonds. Sur la saison entière, il tourne à 29,1 points, 11,2 passes et 8,1 rebonds : des statistiques surréalistes, digne d’un MVP et de loin. Il est donc grâce à ces chiffres le 2ème scoreur de la NBA, meilleur passeur de la ligue, et 23ème rebondeurs (2ème des meneurs rebondeurs).
Face à lui, on retrouve un autre joueur exceptionnel : Russell Westbrook. Cet été, avec le départ de KD pour Golden State, on se demandait bien où allait terminer OKC en fin de saison. Peu de monde pensaient voir le Thunder en playoffs où alors se battre difficilement pour la 8ème place. Encore plus fou, personne ne pouvait imaginer la saison qu’allait faire Westbrook. Tout comme Harden, dès les trois premiers matchs de saison régulière, il a montré qu’il serait stratosphérique cette saison : Il tournait sur ces 3 matchs à 38,7 points, 11,7 passes et 12 rebonds ! Plus la saison passait, plus on comprenait que Westbrook faisait quelque chose d’historique, sans réellement croire que cela allait durer. Westbrook bat alors tous les records : Le plus de triple doubles en une saison (42), une saison en triple double de moyenne (31,9 points, 10,7 rebonds, 10,4 passes), premier homme de l’histoire à faire trois triple double à 50-10-10… Sa saison est complément folle. Donc oui, Westbrook et Harden sont exceptionnels et les deux méritent le titre de MVP. Mais, les deux ont aussi des défauts qui pourront être des éléments à ne pas négliger. Les deux perdent énormément de balles par match (5,8 balles perdues pour Harden, 5,4 pour Westbrook). Chacun perd plus d’un tiers des balles perdues de son équipe. De plus, les pourcentages aux tirs sont plutôt faibles : 42,6% pour Westbrook avec un mauvais 34,5% à trois points. Harden ne fait guère mieux avec 44% au shoot et 34,5% à 3 points. Dès lors, on voit bien que les deux favoris pour le titre de MVP ont aussi des défauts et ils doivent les limiter dans cette série. Enfin, il faut souligner dans les confrontations directes, Harden a beaucoup plus de mal que Wesbrook: Harden ne tourne qu’à 20,5 points face à OKC à 34% au shoot et ignoble 22% à trois points. Il compile tout de même 12,3 passes décisives. Westbrook lui aligne 36,3 points, 9 rebonds, 9 passes. Ce qui montre que James Harden peut se reposer sur ses coéquipiers contrairement à Westbrook.
Ensuite sur le poste d’arrière, Patrick Beverley reste un défenseur féroce et actif pour les Rockets. Bon shooteur à trois points également, il va être très important pour défendre sur Westbrook le plus souvent du temps, et aussi sur son concurrent direct Victor Oladipo, qui réalise une saison convenable à 16 points de moyenne même si son pourcentage est moyen (44% et 36% à 3 points). Côté ailiers, Andre Robertson ne brille pas par ses stats (6.6 points) mais par sa défense très solide et nécessaire à l’équilibre du Thunder. Si Robertson, c’est 100% défense, pour les Rockets, c’est 100% attaque avec Trevor Ariza qui aime joue beaucoup (35 minutes) et aime shooter, comme quasiment tout le monde dans cette équipe des Rockets. Dès lors, sur les postes extérieurs, Oladipo et Robertson me paraissent un tout petit peu plus faible que le duo Beverley/Ariza.
Postes Extérieurs : Avantage Houston
Postes intérieurs
Les rockets possèdent des intérieurs complémentaires. Ryan Anderson, sur le poste d’ailier fort, qui est un shooteur pur, un poste 4 au large qui tourne à 13,5 points et un très joli 40% à trois points. Il forcera Taj Gibson à sortir loin sur lui et à laisser plus de la place à l’intérieur pour le pivot texan, Clint Capela, pivot classique, longiligne, puissant dans la raquette, qui tourne à 12,5 points, 8 rebonds 1,2 contres par match. Face à lui, il va devoir se confronter au néo-zélandais Steven Adams qui connaît une saison plus mitigée avec 11,5 points et 7,7 rebonds. Il a moins d’impact sur son équipe que l’an passé. Il n’en reste pas moins un très bon joueur qui posera des problèmes aux intérieurs de Houston. Attention à Taj Gibson qui pourra peut être profiter des lacunes défensives de Ryan Anderson également grâce à sa palette assez large (bon dos au panier, shoot à mi-distance de qualité, petit hook convenable…). Le combat des grands titulaires sera équilibré.
Postes Intérieurs : Egalité
Le banc
Le moins qu’on puisse dire, c’est que les Rockets ont un très beau banc. Houston possède deux des meilleurs 6ème homme de la ligue, à savoir Eric Gordon et Lou Williams. Ces derniers tournent respectivement à 16,3 et 15,3 points. Ils sont parfaits dans leurs rôles de dynamiteurs en sortie de banc, en shooteurs fous qui peuvent creuser un écart ou le combler. Gordon fait partie des joueurs qui tirent le plus à 3 points, tout comme son compère James Harden. A l’intérieur, le vieux Nene Hilario montre de belles choses quand il entre sur le terrain (9 points, 4 rebonds) avec encore de l’énergie malgré ses 34 ans, et à ses côtés le jeune Montrezl Harrell qui aide bien offensivement avec ses 9 points par match. Ajoutez encore Sam Dekker sur le poste 3, Corey Brewer, ou encore le jeune Chinanu Onuaku sur le poste 5 et vous avez un banc très performant, qui score énormément.
Face à ce banc qui pourrait concurrencer le cinq majeur des Nets, les remplaçants du Thunder vont souffrir. Ils peuvent néanmoins compter sur Enes Kanter comme 6ème homme dans la peinture avec ses jolies stats (14,4 points, 7 rebonds), sur le rookie Damantas Sabonis, fils du légendaire Arvynas Sabonis, qui fait une première saison convenable avec 6 points et 3,5 rebonds sur le poste d’ailier fort. Ensuite, sur le poste 3 en back-up de Robertson, il y a du monde avec l’ancien Bull, Doug Mcdermott, Jerami Grant et même Kyle Singler. Sur les postes arrières, on retrouve l’espagnol Alex Abrines qui se montre parfois, Anthony Morrow qu’on aimerait voir plus adroit (38% seulement) ou encore Cameron Payne. On comprend vite que le banc du Thunder est beaucoup trop limité face à celui des Rockets.
Le banc : Avantage Rockets
Les coachs
Au début de saison, nous étions beaucoup à être retissant quant à l’arrivée de Mike d’Antoni à Houston après ses passages médiocres à L.A chez les Lakers et aux Knicks. Elle était loin la belle époque des Suns où il avait popularisé l’attaque rapide et l’adresse extérieure, le Run and Gun avec Steve Nash et Amar’e Stoudemire. De plus, quand il déclare en début de saison vouloir mettre Harden meneur, nous étions encore retissant. Pourtant, il faut saluer les choix de D’antoni et sa très belle saison. Il est clairement en lice pour le trophée de Coach Of the Year. Il a su exploiter les talents de son groupe. Néanmoins, comme avec les Suns, mais aussi comme avec New York et les Lakers, on doit se demander si le Run and Gun peut permettre d’aller en finale NBA. N’oublions pas que les dernières séries de playoffs de ce bon vieux Mike se sont terminées sur un sweep au premier tour. Face à lui, Billy Donovan aussi fait une belle saison. Il a su tout de même construire un collectif autour de Russell Westbrook avec peu de choses.
Les coachs : Avantage Houston
Facteur X : Les coéquipiers de Westbrook
Au vu de la saison de Westbrook, il est fort probable qu’il sorte encore des matchs de folie. Pour lui, finit la recherche absolue des triple double. Maintenant, c’est la gagne, point. Cependant, il ne pourra pas gagner seul. Même s’il plante 70 points, si ses coéquipiers ne jouent pas à leur meilleur niveau, OKC ne gagnera pas cette série. Il faut absolument que les deux tours jumelles Adams et Kanter retrouvent leurs niveau d’excellence, qu’Oladipo soit régulier et montre tout son talent qu’on a pu voir à Orlando. Sans eux à 110%, OKC et Westbrook seront beaucoup trop justes pour inquiéter Houston.
Résultats en saison: Houston Rockets 3 – Oklahoma City Thunder 1
Mercredi 16 Novembre 2016 : Houston Rockets 103 – Oklahoma City Thunder 105
Vendredi 9 Décembre 2016 : Houston Rockets 102 – Oklahoma City Thunder 99
Jeudi 5 Janvier 2017 : Oklahoma City Thunder 116 – Houston Rockets 118
Dimanche 26 Mars 2017 : Oklahoma City Thunder 125 – Houston Rockets 137
Calendrier
Match 1 (@ Houston) : Dimanche 16 Avril à 03h00
Match 2 (@ Houston) : Mercredi 19 Avril à 02h00
Match 3 (@ OKC) : Vendredi 21 Avril à 03h30
Match 4 (@ OKC) : Dimanche 23 Avril à 03h30
Match 5 (@ Houston) : Mardi 25 Avril (horaire à déterminer)
Match 6 (@ OKC) : Jeudi 27 Avril (horaire à déterminer)
Match 7 (@ Houston) : Samedi 29 Avril (horaire à déterminer)
Conclusion
Même si l’affrontement Harden vs Westbrook nous donne l’eau à la bouche, sur le fond, Houston semble clairement supérieur, de par sa profondeur de banc et sa qualité de shoot longue distance. Westbrook semble trop seul pour inquiéter les Rockets sur l’ensemble de la série. Westbrook et son équipe gagneront très certainement au moins un match ou deux à la Chesapeake Energy Arena voir un petit hold-up au Toyota Center.
Pronostic : Houston 4 – Oklahoma 2