Dans une ligue où la taille moyenne est de 2m01, les « petits joueurs » (moins d’1m80) ont toujours fasciné en NBA. Dans l’histoire, quelques petits ont marqué les esprits : On se souvient tous du meneur Muggsy Bogues, le plus petit joueur de l’histoire de la NBA avec ses 1m59, Earl Boykins (1m65), Spub Webb, grand gagnant du Slam Dunk Contest en 1986 ou plus récemment Nate Robinson, qui a remporté trois fois le concours de dunk en 2006, 2009 et 2010. Mais actuellement, un joueur d’1m75 se fait remarquer, non pas en remportant un Slam Dunk Contest, mais par son jeu, son talent, et surtout en devenant l’un des meilleurs meneurs de la conférence Est. Grâce à lui, les Boston Celtics sont devenus un place forte de la conférence Est : On parle bien sûr d’Isaiah Thomas.
Mais comment, ce 60ème choix de draft, est-il devenu le leader de la plus grande franchise de l’histoire de la grande ligue ? Focus sur la jeune carrière de ce joueur fascinant.
Un nom prédestiné pour la NBA
Les plus jeunes ne le savent peut-être pas mais si Isaiah Thomas s’appelle comme il est, c’est en référence à la légende des Detroit Pistons durant les années 1980, Hall Of Fame en 2000, Isiah Thomas. En effet, son père, James Thomas, fit avec un ami le pari que les Los Angeles Lakers de Magic Johnson battraient les Pistons de Joe Dumars et Isiah Thomas lors des finales NBA 1989. Si ce n’était pas le cas, il donnerait comme prénom à son fils Isaiah. Malheureusement pour lui, les Pistons l’ont emporté par un gros sweep 4-0.
En réalité, Isaiah étant né plusieurs mois avant que la finale ait lieu (7 Févier 1989), James avait déjà pensé à appeler son fils comme cela. Toutefois, sa mère, Tina Baldtrip, insista pour que le prénom s’écrive « Isaiah » et non « Isiah », en référence à la Bible.
Un enfant complexé par sa taille
Le natif de Tacoma dans l’état de Wasinghton, considérait sa taille comme une réelle préoccupation durant de nombreuses années, voire un complexe. Il avait pour habitude de se suspendre à une barre de traction chez lui, espérant que cela étirerait son corps tel un bonbon. Quand il passait des examens médicaux, sa mère, Tina Baldtrip, demandait au médecin de ne pas lui prédire la taille qu’il ferait. Malgré tout, Isaiah demandait et souhaitait avoir une réponse qu’il n’avait pas, rentrant à la maison en sanglots. C’est après l’âge de 14ans qu’il a réalisé que sa taille ne briserait pas ses rêves de basketteur. Cela le rendait simplement différent. À compter de ce moment, il a voulu devenir le meilleur joueur de l’histoire faisant moins d’1m80.
Un potentiel hors-norme
En intégrant la Curtis Senior High School, la légende d’Isaiah Thomas s’est rapidement répandue dans le nord-ouest des Etats-Unis. Son coach à Curtis High, Lindsay Bemis, fut approché une fois par un coach de Portland à la recherche de la « super petite souris » (Mighty Mouse en anglais) dont il avait entendu parler. L’arrière des Clippers, originaire de Seattle, Jamal Crawford, alors joueur des Knicks, entendit des histoires à propos de Thomas. Il entendit parler de lui inscrivant 52 points dans un match à la Key Arena (ancien parquet des Supersonics) ou encore en dominant des adversaires ayant le double de son âge et le double de sa taille sur des playgrounds. Les deux joueurs sont devenus amis, et Crawford lui a demandé de le rejoindre à sa Summer League, où des joueurs comme Crawford et Jason Terry jouaient, mais également les plus férus street-ballers de Seattle dont les rêves de NBA s’étaient envolés.
« Isaiah tuait tous ceux en face de lui, alors qu’il n’était qu’au collège » confie Crawford.
En 2008, Thomas a ensuite accepté une bourse à l’Université de Washington à Seattle et intègre l’équipe de basket de la fac : Les Huskies de Wasinghton. Quelques joueurs NBA sortent de Washington (Spencer Hawes, Quincy Pondexter, Terrences Ross) mais aucune réelle star ne sort de cette fac, sauf peut-être Brandon Roy qui était tout de même un énorme prospect, considéré avant ses grosses blessures comme un potentiel All-Star.
En 2011, alors que tout son entourage l’encourageait à retourner à l’université après son année senior, il se présente à la Draft NBA en 2011. Le Hall of Famer Isiah Thomas, devenu ami avec Isaiah par leur évidente similarité, travaillait alors en tant que conseiller pour les Knicks. Il voyait en Thomas un potentiel joueur du premier tour, et a recommandé aux Knicks de le sélectionner. Entre temps, Jason Terry avait assisté à son workout avec les Mavericks.
Durant ces trois années à la fac de Washington, Thomas est le leader de son équipe. Son esprit de compétition était indéniable. Il tourne à 30 minutes par match, 16 points de moyenne à 42%, 4 passes et 3.5 rebonds.
« C’était l’un des workouts d’un meneur les plus incroyables que j’ai vu dans ma vie, avoue Terry. Il a dominé. Pour moi, ça ne faisait aucun doute que Dallas le prendrait. »
Finalement, ni les Knicks, ni les Mavs ne l’ont pris. On se demandait même si une équipe le sélectionnerait. Pourtant avant la Draft, Thomas a réalisé son propre documentaire intitulé « Road To The NBA-The Isaiah Thomas Story » pour montrer son talent à toutes les équipes NBA. Après de longues heures d’attentes, il fut sélectionné à la 60ème et dernière place de la draft par les Sacramento Kings.
Un passage mitigé à Sacramento
Ayant été choisi au second tour, Thomas n’avait pas de spot garanti dans le roster des Kings au moment d’attaquer le training camp. Les Kings avaient même contacté le staff de Washington pour demander des conseils afin de savoir comment contrôler Thomas et comment parvenir à le calmer. « Ils disaient qu’il sprintait pour aller boire de l’eau durant les pauses, sprintait pour revenir sur le terrain, qu’il était à fond tout le temps, faisant presque passer les vétérans pour des joueurs médiocres » dit Raphael Chillious, coach des Huskies. «On a alors appelé Isaiah en lui disant : ‘Hé, continue comme ça.’ »
Thomas entra dans le roster principal au terme de ce training camp. Il devient même titulaire au bout du 27ème match de sa saison, et n’en a plus bougé après ça. Au mois de Février et de Mars, il fut élu Rookie du mois dans la Conférence Ouest. Pour sa première saison, il termine 7ème du classement pour le Rookie de l’année 2012, titre remporté par Kyrie Irving, et figure le NBA All-Rookie Second Team. Il tourne à 25 minutes par match, 11,5 points, 4,5 passes et 2,6 rebonds. Durant la saison 2012-2013, il joue 79 matchs dont 62 comme titulaire. Ses statistiques augmentent légèrement au scoring. Il tourne à 14 points par match, et 4 passes en 27 minutes.
La saison 2013-2014 est une très bonne année pour Thomas. Avec l’arrivée de Rudy Gay, l’émergence de la star Demarcus Cousins, et l’arrivée du rookie Ben Mclemore, on attend beaucoup des Sacramento Kings et une possible 8ème place qualificative en playoffs. Individuellement, sa saison est aboutie. Malgré une blessure à la main qui va le gêner toute la saison et va lui fait rate dix matchs, ses statistiques sont excellentes : 35 minutes de jeu, 20.3 points de moyenne, 6.3 passes et 3 rebonds. Il devient l’un des rares joueurs mesurant moins d’1m80 à réaliser une saison à plus de 20 points et 6 passes et rejoint notamment Damon Stoudamire et Cavlin Murphy.
Collectivement, le bilan est plus décevant. Les Kings terminent à la 13ème place de la conférence Est avec un médiocre bilan de 28 victoires et 54 défaites. Si son passage à Sacramento lui a permis de montrer à la NBA qu’il était un meneur de talent, les résultats trop faibles de son équipe le fruste.
Un départ express à Phoenix
Le 12 juillet 2014, Thomas est transféré chez les Suns de Phoenix contre une trade exception de 7 millions de dollars et les droits sur Alex Oriakhi. Le 14 août 2014, Thomas subit une arthroscopie de son poignet gauche, une blessure qu’il traîne depuis la saison dernière à Sacramento.
En arrivant aux Suns, la concurrence à son poste allait être beaucoup plus rude qu’en Californie. Il est vrai, Phoenix a déjà deux bons arrières que sont Goran Dragic et Eric Bledsoe. Il est alors relégué sur le banc en tant que 6ème homme. Son début de saison est résumé par des petites blessures, à la main et à la cheville. Logiquement, ses minutes et ses statistiques baissent nettement : Jusqu’au All Star Game 2015, il tourne à 26 minutes, 15.2 points à 42%, 3.7 passes et 2.4 rebonds.
Le 19 Février 2015, Goran Dragic demande à être échangé et fut envoyé à Miami. Thomas allait alors pouvoir devenir titulaire avec les Suns et partager le poste de meneur avec Eric Bledsoe. Mais dans la même soirée, l’équipe était dans son bus direction l’aéroport. Le pivot de l’équipe, Brandan Wright, vit sur son téléphone que Thomas avait été envoyé à Boston, ce qu’un employé des Suns vérifia quelques minutes plus tard. Thomas retira alors les chaussures de son vestiaire et rentra chez lui abasourdi, ignorant les multiples appels et messages qui arrivaient. Il ne voulait pas déplacer sa famille et quitter la chaleur de Phoenix pour aller à Boston, qui vivait alors un hiver historiquement froid. Il reçut alors un message en provenance d’Isiah Thomas, et sa vision de la chose commença à changer.
« Ça va changer ta carrière, disait le message. Ils sont à un match des playoffs. Emmène-les en playoffs. »
Boston Celtics : La confirmation pour le nouveau lutin vert
Le Hall of Famer avait raison. Avec 19 points et 5,4 passes de moyenne à Boston, Thomas s’est classé deuxième de la course au sixième homme de l’année. Sa mère, qui travaille toujours en tant qu’infirmière dans un hospice à Tacoma confie que lorsqu’elle voit son fils à la télévision désormais, elle peut affirmer qu’il est à nouveau heureux. Il est la vedette de son équipe, apprécie la ville bien qu’il ne s’y sente pas encore totalement chez lui. Les Celtics finissent 7ème de la conférence Est et Thomas découvrent les playoffs. Malheureusement pour Boston, ils tombent sur les Cavaliers de Lebron James et se font sweeper au 1er tour.
La saison 2015-2016 va être une année majeure pour Thomas. Dans une jeune équipe défensive mené par Avery Bradley et Jae Crowder, il est le meneur titulaire incontestable et peut enfin s’imposer offensivement dans une équipe prestigieuse. La reconstruction des Celtics doit passer par Isaiah Thomas. Cela ne va pas tomber dans l’oreille d’un sourd. Thomas réalise la meilleure saison de sa carrière avec 22,2 points de moyenne à 43%, 6.2 passes et 3 rebonds. Il est pour la 1ère fois de sa carrière sélectionné au All Star Game 2016, ce qui fait de lui le premier All Star de moins d’1m80 depuis 1979 et la sélection de Calvin Murphy.
Les Celtics terminent 5ème de la conférence Est avec un bilan solide de 48 victoires pour 34 défaites, le même bilan que le Miami Heat qui termine 3ème. Mais encore une fois, les Celtics se font éliminer au 1er tour des playoffs face aux Atlanta Hawks 4 à 2 avec pour Thomas une moyenne de 24 points pour ses 6 matchs de playoffs.
Les Celtics doivent alors apporter de nouveaux éléments pour aider Thomas à amener les Celtics loin en playoffs. Dès lors, avec l’arrivée du All Star Al Horford en provenance des Hawks. L’équipe est désormais complète et semble prête à se battre pour le Top 4 à l’Est. Thomas a déjà 27 ans. Cette saison doit être celle de la confirmation. Cela est le cas. Il devient clairement le leader incontesté des Celtics. Malgré un début de saison un peu mou, dès le mois de Novembre, il joue à un niveau exceptionnel. Il réalise le 30 Décembre 2016 un match à 52 points, et rejoint les plus grandes légendes des Celtics que sont Paul Pierce, Larry Bird et Kevin McHale à marquer plus de 50 points ou plus.
Au 10 Janvier 2016, Isaiah Thomas tourne à 28 points par match et 6,1 passes. Avec ses stats et son influence sur son équipe, cette dernière est confortablement installée à la 3ème place de la conférence Est, à une victoire seulement de la 2ème place des Toronto Raptors. De plus, en Février prochain, il sera très certainement pour la deuxième fois de suite sélectionné pour le All Star Game 2017.
En somme, Isiah Thomas est un modèle pour tout jeune voulant jouer en NBA. Malgré sa petite taille, grâce à un travail acharné, une persévérance certaine, un entourage toujours présent pour lui, et il faut le dire, une talent incroyable, Thomas a réussi à devenir le leader de la plus belle franchise de la NBA depuis sa création. A lui maintenant d’amener les Celtics au-delà d’un premier tour de Playoffs, et de rêver, pourquoi pas, à une finale de conférence contre les Cleveland Cavaliers et affronter l’ogre Lebron James.
Et pour ceux qui veulent suivre la saison d’Isaiah Thomas au jour le jour, ce dernier réalise un nouveau documentaire intitulé « Book of Isaiah », où l’on découvre toute sa vie durant cette saison 2016-2017.