@STEUF76 / CONTRIBUTEUR
« 72-10 don’t mean a thing without the ring » c’était le leitmotiv de la campagne de playoff 95-96 des Chicago Bulls. En effet cette année-là les Bulls dominent outrageusement la saison ne laissant échapper que 10 matchs et ainsi exploser le record du nombre de victoires pendant la saison régulière avant d’être sacrés champions NBA après avoir battu les Seattle Supersonics (ils me manquent ceux-là) 4-2.
Mais cette phrase est devenue aussi un troll majestueux lors des dernières finales entre Golden State et Cleveland car si les Warriors ont bien battu le record de 72 victoires…it doesn’t mean a thing without the ring. On ne va pas refaire la chronologie complète mais ça a fusé de partout, que l’on soit fan des Cavs et/ou des Bulls.
Alors ça peut paraitre injuste au regard de la performance des joueurs de la Baie puisque gagner 73 matchs c’est quand même pas donner à tout le monde, et il faut quasiment un alignement parfait des planètes pour y arriver (plus une grosse équipe bien entendu). On pourra aussi parler de l’impact physique et même mental que cela a occasionné à Curry and co lors de la perte de ces finales maaaaaais NON, on va s’intéresser à un autre aspect, le « pourquoi-que-c’est-si-important-d’avoir-une-bague-de-champion-de-NBA »
La bague :
Alors que la NBA ne s’appelle pas encore comme ça et qu’on parle de BAA (Basketball Association of America) semble être la 1ère à avoir distribué une bague à ses champions de la saison 1946-1947 les Philadelphia…Warriors (toujours plus loin dans le troll). Si au début les modèles sont assez simples (bagues en or avec un diamant au milieu), plus le temps passe (et l’accumulation de titre de certains, coucou Boston, coucou les Los Angeles Lakers…), plus la créativité va pousser les équipes à tenter de nouvelles fantaisies chaque année. La cérémonie de la remise de bagues devient même un événement avant le match d’ouverture chez le champion en titre ! Certains joueurs prennent même un malin plaisir à offrir la leur à quelqu’un qui a compté dans leur carrière ou à simplement la faire agrandir pour pouvoir la porter au majeur (Monsieur Rasheed Wallace si tu nous lis). Bref cette bague c’est le coup de tampon sur ton passeport de joueur qui a réussi. Peu importe si tu étais juste passager, ou conduisait le bus comme on dit, T’ES CHAMPION ET PUIS C’EST TOUT.
Vous êtes ? :
Certains l’ont peut-être remarqué mais les Ricains aiment exposer ce qu’ils ont et surtout au niveau professionnel (le fameux diplôme qui trône derrière le médecin, avocat, psy dans les films par exemple). Aux US, un peu à la manière de l’introduction au combat pour la boxe, on commence par présenter un joueur de NBA par ses titres. Exemple : On ne dit pas « Tiens v’là Shaquille O’Neal » mais « Tiens v’là le quadruple champion NBA Shaquille O’Neal » et si c’est un peu pompeux pour un Européen, c’est une marque de respect pour eux. Si pas de titre, vous prenez le truc qui pète le plus dans sa trophétèque et vous le placez devant. Tout est bon du moment que ça suinte la gloire.
Mon prrrrrrrrécccccccieuuuuuux :
Gollum n’a pas été champion NBA mais il a surement inspiré pas mal de joueurs en quête absolue et vitale de l’Anneau. On se souvient de Shaq qui avait convié ses potes « ringless » Karl Malone et Gary Payton en 2003-2004 pour avoir enfin leurs bagues MAIS le karma tapi en embuscade fit vivre une saison chaotique aux Lakers entre blessures, procès et clashs. Cela favorisa l’émergence des Pistons en finale, résultat: 4-1 et Rasheed put faire agrandir sa bague. S’en suivit une explosion d’équipe aux Lakers qui décidèrent de se séparer du Shaq, direction Miami.
Plus proche de nous, en 2010, LeBron James décide d’aller exporter son talent à Miami avec le Heat et ses potes Wade et Bosh car depuis 2003 les Cavs n’y arrivent pas et le King reste sans bague et ça James ne peut le supporter, il DOIT gagner des bagues et vite car il en veut not one, not two, not three….bref il en veut plein. Mais le karma était encore là et permis à un autre joueur emblématique de collecter une bague alors qu’il aurait pu partir chercher la sienne ailleurs : Dirk Nowitzki et ses Mavs. Heureusement la blague sera de courte durée et Bronbron eut sa bague et même une deuxième avant d’accomplir le rêve d’une vie : Gagner avec ses Cavs un titre de champion.
Encore plus proche, été 2016, il fait beau, il fait chaud et Kevin Durant en prend un, justement de coup de chaud et va signer aux Warriors. Pourquoi ? Mais pour avoir sa bague bien sûr ! Les gens n’ont pas compris et ont incendié Durant mais dans une démarche de carrière réussie, avait-il le choix ? Quel discours lui a tenu la direction ? Est-ce que la venue d’Oladipo suffisait à ses yeux ? Toutes ces questions qui trouveront surement réponse un jour dans une biographie post carrière.
Tout ça a pour but de vous démontrer que la fameuse bague rend fou et fait prendre des décisions extrêmes qui ont de lourdes conséquences pour les joueurs en matière de pression. Le nombre de haters qui grimpent en flèche et les réseaux sociaux qui se déchainent.
Does this really don’t mean a thing ?
Si la défaite des Warriors fut cruelle en finale 2016, il ne s’agit que d’une saison avec une équipe qui avait déjà gagné l’année précédente. Certains ont couru toute leur carrière sans jamais l’obtenir.
Ainsi dans le TOP 100 des joueurs all time dressé par ESPN en mars 2016 (classement discutable certes) on ne retrouve que 36 joueurs sans titre. En regardant de plus près, le constat est encore plus cinglant. Entre la 100ème et la 50ème on retrouve 25 joueurs sans titre. Et seulement 6 dans le TOP 30. Certains de ces sans titres ont choisi de défendre une franchise plus qu’un palmarès ou ont simplement fait/subi les mauvais trades au mauvais moment.
Et la liste est belle : Mark Price, Shawn Kemp, Dikembe Mutombo, Grant Hill, Tracy McGrady, Chris Webber, Reggie Miller, Allen Iverson, Dominique Wilkins, Patrick Ewing, Steve Nash et sans doute le pire Karl Malone car dans notre petite histoire de tout à l’heure, j’ai oublié de vous préciser que Gary Payton avait filé à Miami avec Shaq pour « gratter » son titre (il eut son rôle je vous rassure) mais le Karl, rien, quedal, wallouh, et pourtant des stats de carrière à faire chialer un rookie : 25pts, 10.1 reb, 3.6 assist pour un pourcentage de 51% ! 2X MVP, 14 All-Star, 14 All NBA team dont 11 de suite, 14 All NBA defensive team en 19 saisons et aucune bague. Alors est-ce que ça ne fait pas de lui un champion ? Doit-on le considérer comme moins bon que quelqu’un qui l’a été ? Je pense qu’on est tous d’accord pour dire que non.
The end :
Il ne reste maintenant plus qu’à attendre de voir qui sera le prochain gourmand/traitre, qui le karma décidera de frapper et qui y arrivera avec la franchise de son cœur, sans super team.
La NBA est pleine d’histoire et c’est aussi pour ça qu’on l’aime.