JÉRÉMY PEGLION / FONDATEUR QI BASKET
En novembre dernier, nous fûmes nombreux à voir les mauvais résultats des Grizzlies comme le début d’un déclin. Nombreux furent prêts à annoncer les feux-Grizzlies. Fin d’une ère, qui voyait Memphis comme une place forte de la NBA. Mais il ne fallait pas vendre la peau de l’ours avant de l’avoir sorti de la course aux Playoffs.
La franchise revenait fort entre novembre et décembre, commençant le mois de janvier en boulet de canon. Les Grizz sortaient les griffes et semblaient bien partis pour réintégrer le top 4. Mais ça, c’était avant que leur pivot ne se blesse, que la malédiction des Pelicans frappe le Tennessee. Blessure de Marc Gasol, et puis, de l’essentiel des joueurs majeurs.
Le staff opérait alors un virage a 360 degrés, et finissait en trombe à la trade deadline, s’affranchissant de plusieurs joueurs de rotation contre quelques 2nd tours de draft et une poignée de contrats expirants (Exit Jeff Green & Courtney Lee). Le GM préparait tranquillement l’été, qui serait dès lors crucial pour l’avenir de la franchise.
Une fois les Playoffs terminées, la bande de “journeyman” de Memphis éliminée, le glaive à la main, par leurs rivaux de San Antonio, le moment crucial arrivait. Alors que Mike Conley avait jusqu’alors clamait son attachement à la franchise, son avenir se faisait plus flou. Memphis devait alors faire face à son pari : conserver le meneur, et prolonger le cycle, ou le laisser partir et lancer les bases d’une reconstruction en tirant parti de divers échanges autours des derniers Mohicans. Au termes de négociations, de tractations, probablement acharnées, les deux partis tombaient d’accord pour un nouveau bail, d’un montant historique de 153M sur 5 ans. Dans la foulée, les Grizzlies signaient Chandler Parsons, pour reconstituer un 5 de départ plein de promesses :
Conley – Allen – Parsons – Randolph – Gasol
Maintenant que Memphis a opéré ses transactions, il est temps de juger leur été, et de parler des attentes.
Le changement de coach
Après une saison brillamment menée en dépit des blessures nombreuses, Dave Joerger faisait ses valises pour Sacramento. A la tête de la franchise depuis le départ de Lionel Hollins, le technicien semblait solidement arnaché à son poste. Il n’en fut rien, et une nouvelle ère s’ouvre à Memphis. Son remplaçant ? David Fizdale. Le néo-entraîneur chef, sort de son poste d’assistant du Heat, et la franchise compte sur son expérience de champion pour faire perdurer la dureté qu’on connaît à cette franchise.
Dans certains cas, on a tendance à penser qu’un changement d’entraîneur peut être une source d’inquiétude majeure. Si évidemment, son parcours sera suivi, nous pouvons émettre l’hypothèse que la transition se fera en douceur. En effet, il arrive à la tête d’une équipe qui joue ensemble de longue date, avec de nombreux vétérans à même de le soutenir. Probablement que cette nouvelle transition, se fera en douceur, et disons le, sa tâche sera moins complexe que celle de Luke Walton ou Mike Malone, cernés de potentiels à développer.
Le “nouveau roster”
L’an passé, les Grizzlies ont dit au revoir à plusieurs role player de qualité, parmi eux, Jeff Green et Courtney Lee. Pour compenser ces départs, ils ont attiré Chandler Parsons, attendu comme celui qui donnera enfin des couleurs à un poste 3, qui fait défaut à Memphis depuis l’échange de Rudy Gay. Sur le papier, Memphis possède un starting five solide, capable de défendre très dur, bloquer l’accès à la raquette et suffisamment athlétique à l’extérieur pour mettre la pression sur les shooteurs.
Un 5 équilibré, mais un banc qui pourrait poser quelques soucis, sans vrai leader offensif. L’un des principaux enjeux pour coach Fizdale et son staff pour cette année, maintenir la production du banc pour ne pas trop tirer sur ses titulaires. Un défi important à l’heure ou certains joueurs commencent à se faire vieux (Tony Allen, Vince Carter et Zach Randolph), tandis que d’autres sont sujets aux blessures (Chandler Parsons, Tony Wroten), ou ont montré une fragilité récente (Mike Conley, Marc Gasol). Une dimension nouvelle pour Memphis, souvent à l’abri des blessures importantes les saisons précédentes.
Toutefois, si les corps tiennent le coup, Memphis sera sûrement l’une des places fortes de l’Ouest, en espérant que Chandler Parsons redevienne le joueur qu’attendait Dallas, et apporte cette menace extérieure supplémentaire aux Grizzlies.
Le bilan de l’été
Cet été, fut probablement un des étés les plus mouvementés qu’a connu la ligue. Entre départs de leaders, mouvements nombreux, la ligue a été redessinée dans ses grandes lignes. Mais le fait que cela soit arrivé cet été n’a rien d’un hasard. Avec une hausse inédite du cap salarial, la majorité des franchises se sont trouvées en possession d’une enveloppe sans précédent. Toutefois, qui dit explosion du cap, dit ajustement, et il se pourrait que les signataires de l’intersaison ait gagné le jackpot au dépend de leurs franchises. Alors que les salaires des stars ont augmenté, celui des aspirants all-star et role player ont littéralement explosé. Les Grizzlies ont-ils fait parti des gagnants, ou des perdants ?
Voici la nouvelle grille des contrats côté Memphis. Les deux contrats signés cet été, représentent désormais 48M, dès la première saison. Alors que le plafond salarial est passé à 95M, la franchise a offert la moitié de ce montant à deux joueurs. Soyons honnête, c’est un choix qui inquiète à l’heure de gérer l’avenir. Certes, donner la moitié de la masse salariale à un nombre limité de joueurs n’a rien d’anormal dans une ligue ou une star peut changer la face d’une franchise. Le problème, c’est plutôt que les joueurs à qui le contrat a été offert sont certes solides, mais pas suffisamment fort pour porter une équipe. Pire, le physique de Chandler Parsons ne présente aucunes garanties comme le prouvent ses campagnes gâchées avec les Mavericks.
Si le pari était jouable à court termes, la question de la transition se pose. Que fera la franchise à l’heure de trouver des moyens pour s’améliorer, ou de prolonger certains éléments ? En dépit de la hausse annoncée pour les années à venir, elle est déjà la limite du plafond avant même d’avoir activé les options de ses sophomores. Va-t-elle compter sur la draft, qui l’a maintes fois trahie durant la dernière décennie ? Comment remplacer les vétérans en fin de carrière (ou de contrat… Zach…) ? Autant de questions que les Grizzlies vont devoir résoudre, et qui ne semblent pas gagnées d’avance.
En fin de compte, les Grizzlies se sont donnés le moyen de faire perdurer leurs ambitions. Une bonne nouvelle pour la ligue, qui devrait revoir le fameux Grit & Grind de Memphis quelques saisons de plus, pour les fans qui ont évité une pénible reconstruction et le déchirement d’une fin – une mauvaise pour les concurrents de l’Ouest, qui voient un spot pour la post-saison s’éloigner. Nous verrons très certainement une saison solide, toutefois, l’avenir à Memphis pourrait s’assombrir si l’effectif ne bouge pas à moyen termes. Bien malin celui qui arrivera à échanger des contrats comme celui de Conley.
Jérémy Péglion
Fondateur de QI BASKET